mercredi 19 février 2020

Humanisme théorique

Le socialisme est un assaut au monde nouveau et meilleur. Au monde où l'homme est enfin un vrai homme.
Nous rêvons de ce monde nouveau et meilleur et nous l'attendons, ou juste nous battons pour lui depuis des millénaires. Ainsi, nous pouvons dire que cet assaut est le meilleur qui ait jamais eu lieu dans l'histoire.
Pendant très longtemps, beaucoup de gens du monde entier l'ont pensé. Plus tard, cependant, l'histoire a rendu une grande partie de ces mêmes gens déçus, incertains, voir horrifiés, et les ennemis du nouveau monde tentent d'en tirer parti par tous les moyens.
Quelle est la vérité de tout cela ?
Le nom de cette tentative historique est communisme ou socialisme. Une question marginale mais pas sans intérêt: pourquoi y a-t-il deux noms pour cela ? En outre, on devrait faire une distinction claire entre le mouvement réel, la multitude d'événements d’un part et les idéologies qui les dirigent ou du moins les influencent d’autre part. Mais pour ces deux aspects profondément différents nous n’avons pas des termes différends.
Le mouvement lui-même a des antécédents millénaires, dont les premiers siècles du christianisme, et plus tard les mouvements Bogomile et Qatar, sont particulièrement importants. L'histoire moderne du communisme commence après la révolution industrielle, encore sporadiquement au XVIIIe et fortement au XIXe siècle, pour qu’enfin, en 1917, commence la bataille décisive pour l'instauration du communisme dans le monde. Mais la révolution mondiale, qui l'aurait servi, a échoué en Europe, laissant la Russie le seul berceau du nouveau monde pendant longtemps.
Nous connaissons l'histoire dramatique, souvent tragique, des 100 dernières années. Le communisme dans son berceau a été totalement défait, comme cela a été le cas dans un grand nombre d'autres pays alliés à la Russie et au socialisme. Dans le même temps, la Chine est restée fermement ancrée dans un « socialisme chinois particulier » et, de plus, il semble que cette Chine sera la première puissance du 21e siècle.
Cependant, tout cela n'explique pas de manière adéquate les problèmes les plus importants. Nous devons repenser presque tout.
Et dans ce cas, nous ne pouvons contourner l'idéologie communiste et, surtout, le virage associé au nom de Marx. L'élément déterminant de ceci est une théorie particulière qui « explique » les diverses « formes » sociales, généralisant « l’évolution » de la société, selon laquelle l'humanité a au prix d’énormes souffrances et sacrifices atteint le capitalisme, mais bientôt le prolétariat reprendra en ses mains les moyens de production et construira la forme sociale suivante (et finale), le communisme. Tout cela est suit inévitablement des mécanismes autodestructifs internes du capitalisme.
Cette théorie, en particulier dans sa lecture prolétarienne, est infiniment simple. Mais d'un point de vue économico-philosophique, infiniment floue, ombrageuse, qui semble n'avoir jamais été bien interprété par personne, sauf Marx. Mais beaucoup de gens l’ont essayé et continuent de le faire. La « lutte idéologique » était acharné, voir violent, par conséquent déformée, et en tout cela la personnalité de Marx n’est pas pour rien. Il a rapidement assumé le rôle de leader idéologique du mouvement ouvrier et critiqua acharnement tous ceux qui se présentaient à ses yeux, n’importe s'il était un « ennemi de classe »,  ou un « compagnon de route ».
Cela a joué un rôle décisif dans le fait que l'idéologie communiste est rapidement devenue plutôt dogmatique, ce qui dans un certain aspect alors – et pour un long temps – répondait aux besoins du mouvement, et surtout, des dirigeants du mouvement.
Dans les années 1980, le nouveau livre de Louis Althusser, Antihumanisme théorique, a suscité des sentiments perplexes, mais en même temps un peu encourageants, parmi les intellectuels socialistes. Dans ce livre, Althusser médite sur le fier fait que le « marxisme » est une science, pas une histoire romantique ou d'éthique. La vérité scientifique contraigne. Et peut-être elle nous dégage de beaucoup de choses. Beaucoup de ce que je fais n'est peut-être pas beau, est douloureux, etc., mais en dernier compte nous suivons les lois de l'histoire. Il convient de noter qu'Althusser, éduqué chrétien ne voulait pas du tout flirter avec le cynisme (malheureusement, ces déchirures intellectuelles intérieures ont finalement conduit à sa tragédie personnelle).
Mais c'est précisément cette provocation d'Althusser qui peut nous aider à prendre conscience de quelque chose d'infiniment important et à en tirer certaines conclusions. Ainsi, il faut reconnaître et déclarer fortement que 99% des combattants et des sympathisants du mouvement communiste n'étaient nullement guidés par un « antihumanisme théorique » marxien, ni aucun autre antihumanisme, mais, au contraire, étaient guidés par un humanisme pur, humanisme des valeurs et des idées nobles. Ils étaient guidés par ce qu’ils voyaient de leurs propres yeux, par ce qu’ils ressentaient tous les maux du vieux monde, que ce soit le capitalisme, le féodalisme, la théocratie ou tout autre système. Parmi ces gens engagés il y avait des fils et des filles du peuple sans grandes école, mais bons et honnêtes, il y avait des médecins, des avocats, des artistes ou même des politiciens et des entrepreneurs engagés dans la noble idée du socialisme de tout leur cœur et de tout leur esprit. La plupart d’eux accepta Marx de bonne foi, car ce n'était pas la chose la plus importante. En tout cas la nécessité de la propriété commune des moyens de production paraissait évidente – car il paraissait évident que le caractère sacré de la propriété privée de ces moyens de production est à l'origine des maux sociaux.
E c'est cet engagement moral, éthique, humaniste qui fait toujours la force de l'idée socialiste, et qui reste l'impératif catégorique moral de l’homme.
Mais pourquoi une crise aussi grave du socialisme est-elle au milieu de cet assaut historique?
La question n'est pas simple et ne peut en aucun cas être résolue avec quelques phrases, mais on peut et en conséquent on doit montrer à certains points.
Avant tout, nous devons nous débarrasser des dogmes marxistes et du culte de Marx. Engels lui-même, en parti Lénine, sont un exemple instructif. Non moins importante et douloureuse est la tâche de connaitre et de reconnaître les problèmes de la nature humaine. Il faut savoir critiquer sévèrement les mouvements, les États, ce qui n'est pas une tâche reconnaissante, ni sans dangers. Nous devons en savoir beaucoup plus sur le fonctionnement et l'évolution spécifique de la société en général. Mais en cette matière on devrait apprendre de Darwin, qui a découvert l'évolution mais ne se précipita pas de mettre en place la théorie des « cinq formes de base" de l'homme ».
Mais ici on ne parle pas seulement d'énormes tâches futures. Il convient de mentionner que dans mon livre « La civilisation » j'ai formulé les premiers lignes d'une nouvelle réponse à de nombreuses questions. Nous sommes dans le vif de nos devoirs. Aucun éloge pour mes essais ne me ferait plaisir, mais seul un débat sensé, intelligent et responsable.
Bien sûr, mieux importent les paroles – et les actes – de Xi'ing Chin-ping et Bernie Sanders. Ils ont l’énorme chance – et l’énorme responsabilité – de former l'avenir du socialisme.
Pourtant, je crois qu'en fin de compte, l'avenir du socialisme est entre les mains des vrais hommes. Mais depuis longtemps ils ne sont plus seulement 35. Ils sont déjà des milliards. Milliards de vrais hommes ! Osez à nouveau faire confiance aux idées et osez à croire en soi !


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dimanche 9 février 2020

Une journée commémorative pour 80 millions


80 millions de personnes sont mortes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les gagnants célèbrent avec fierté l'anniversaire de leurs victoires. Et puis ils inclinent la tête et déposent leurs couronnes sur les tombes de leurs soldats.
Mais indigne, honteux qu’il est pour nous tous de laisser ces 80 millions de victimes de la guerre oubliées.
Nous devons les garder dans notre mémoire et donner une expression due cette commémoration.
Nous le devons à la mémoire des victimes, à nous-mêmes, à ces 800 millions de victimes potentielles qui vivent entre nous mais peuvent être instantanément emportées par un nouveau tourbillon de l'histoire.
Quand et comment nous devons rendre hommage à ces 80 millions?
Il serait honorable que cette journée suive le jour de la victoire, donc ce pourrait être le 10 mai.
Quant à la manière de cette commémoration : il serait mieux qu’elle soit organisée par les citoyens, les écoles, les organisations publiques, sans politiciens, sans militaires, sans prières.


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