Et bien, en m’engageant dans un blog vivement personnel, il est convenable
de me présenter. Étant né en Bulgarie, dans l’acte de naissance mon nom fut
inscrit avec des lettres cyrilliques. Heureusement mon nom ne contient que des sons
simples et simplement transcriptibles en
lettres latines. Acte crucial qu’est toute transcription, puisque, avouons-le,
le nom d’un homme est sa plus véridique présentation.
Donc, je suis (né) Тодор Ангелов Тодоров. Vous voyez, c’est
simple ! Je vous aide : Todor Angelov Todorov.
Je trouve bien drôle cette formule : « Je m’appelle... »
On la voit dans tous les manuels de français, mais pas dans la vie. Quiconque ne
s’appelle soi-même. J’appelle l’autre, et l’autre m’appelle...
Revenons d’abord sur le nom même. Les instruits connaissent la tradition
russe : entre le prénom et le nom, on trouve le « nom de père ».
La même tradition s’instaura en Bulgarie après la libération de la domination ottomane,
mais avec toutes les inperfections conséquentes de l’oppression étrangère de
cinq siècles. Dans la culture populaire des noms on trouve une multitude multicolore
d’habitudes, mais très peu d’intelligence et de cohérence dans le travail des
administrations tsaristes ou socialistes. Ainsi pour une longue période purement
et simplement manqua tout respect du nom de famille. Le nouveau-né reçu
convenablement son nom de père selon le prénom de son père, mais pour nom de famille
– horibile dictu – pas le nom de famille du père, mais son nom de père. Ainsi dans
cette période les noms (de famille) des enfants généralement différèrent des
noms (de famille) des parents. Cette pratique stupide n’indignait personne. On
ne vivait pas les temps d’indignation contre les stipidités des
administrations.
Mais mon esprit s’indignait. J’étais un bon, et bien, à
peu près bon élève. Je n’étais pas sérieux, mais je le pouvais. Et je povais être
décidé. Je le fus. Depuis des années je me préparais à cette opération. Et
quand je devais me présenter pour ma première carte d’identité, j’ai demandé « officiellement »
un changement de nom : je demandai humblement de prendre le nom de mon père.
La loi procurait cette possibilité, j’ai obtenu le nom
qui était toujours le nom à moi : Todor Angelov Simeonov, fils de Angel
Todorov Simeonov.