mercredi 11 avril 2018

Fakebook?

Pour effacer ses erreurs et regagner la confiance de l’opinion publique, Facebook devra consentir un sacrifice proportionné à ses fautes.

Les commentateurs de l’audition de Mark Zuckerberg, hier au Sénat américain, considèrent que le fondateur et PDG de Facebook s’en est bien tiré. D’un homme notoirement connu pour son déficit de talent oratoire, on n’attendait pas une prestation flamboyante.

Le PDG de Facebook était sommé de s'expliquer sur les affaires d'atteinte à la vie privée de ses utilisateurs. En acceptant sa responsabilité personnelle et en se contentant de répondre, a minima, aux questions des sénateurs, Zuckerberg a évité de commettre des erreurs ou de prononcer des mots qui auraient pu aggraver sa situation personnelle et celle de son entreprise.

Sur le fond, la ligne d’argumentation de Mark Zuckerberg consiste à reconnaître que Facebook a commis des fautes et à dire que les dirigeants de l’entreprise font le nécessaire pour les réparer. Même s’il ne l’a pas explicitement formulé ainsi, le PDG du réseau social demande au pouvoir politique de s’abstenir de légiférer et de lui faire confiance pour mettre de l’ordre dans sa maison.

La démission volontaire de Zuckerberg ?

Quelles que soient les suites immédiates des auditions au Sénat et au Congrès, Facebook ne pourra pas faire l’économie d’un sacrifice rituel pour réparer une image très abîmée. Faire son mea culpa et demander aux législateurs de lui faire confiance ne suffisent pas à sortir d’une crise aussi grave.
Pour effacer ses agissements passés et regagner la confiance de l’opinion publique, Facebook devra se faire mal et consentir un sacrifice proportionné à ses fautes. L’anthropologie nous apprend qu’un groupe social en crise doit expier ses fautes, réelles ou imaginées, en accomplissant un sacrifice rituel qui permet de tourner la page et de repartir sur de nouvelles bases.
Quel serait un sacrifice rituel dans le cas de Facebook ? Le plus évident serait la démission volontaire de Mark Zuckerberg et de sa directrice des opérations de Facebook, Sheryl Sandberg. Un geste pareil est courant au Japon où des dirigeants d’entreprises assument la responsabilité de crises et offrent leur démission comme le prix à payer pour permettre à l’entreprise de repartir sur un bon pied. Ainsi, le PDG du géant publicitaire Dentsu a démissionné en 2016, après le suicide d’une salariée et a accompagné l’annonce de sa démission de cette déclaration :
«Il ne devrait absolument pas arriver qu’une salariée se tue à cause d’une surcharge de travail et je ressens profondément ma responsabilité dans le fait que les mesures prises pour lutter contre le labeur excessif n’aient pas suffi».

Lâcher Instagram ?

Si Mark Zuckerberg ne souhaite pas se faire hara-kiri, il pourrait envisager d’autres types de sacrifice rituel. Il pourrait, par exemple, décider de mettre fin à une activité hautement lucrative et s’amputer d’une bonne partie de son chiffre d’affaires et de ses profits. Dans le même ordre d’idées, il pourrait mettre fin aux accusations de comportement monopolistique en se séparant de plates-formes technologiques chèrement acquises telles que Instagram ou Whatsapp.

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